Roger Reynaud
Télétravail, engouement mérité ?
Il a été et est toujours la bouée de secours, le « premier geste barrière » de beaucoup d’entreprises pour faire face à la crise sanitaire et économique que nous traversons.
Son existence et sa légitimité rarement officialisées dans les entreprises ou bien mis en place au compte-goutte et avec précaution éclatent au grand jour.
Pourtant, conséquence de la digitalisation, des nouvelles aspirations des collaborateurs, way of life des start-up ou privilège des cadres sup, le télétravail progressait année après année. Mais la crise sanitaire lui a offert le premier rôle et vient booster l’idée de sa généralisation. De facto, chacun s’accorde à dire qu’il faudra lui faire une place plus grande dans le « monde d’après ».
Mais quelle place ?
Certaines entreprises telles que le groupe PSA ont déjà annoncé leur volonté d’étendre le télétravail. « 80 000 de nos collaborateurs sur 200 000 sont potentiellement concernés », alors que 38 000 ont déjà télétravaillé durant le confinement.
Le télétravail, en cette période, s’est imposé à nous, mais que doit il en rester après le retour à une situation sanitaire normale ?
Avons-nous assez de retours d’expérience pour répondre ?
Quid de la performance, de la productivité, de la compétitivité des entreprises sur le long terme ?
Quid de l’impact sur les collaborateurs et de leur satisfaction ?
Quid de la dimension sociale de l’entreprise, de son pouvoir fédérateur, intégrateur et émancipateur ?
Une chose est certaine la réponse de sa place dans l’organisation du travail ne doit émaner que de l’entreprise en tenant compte de ses particularités.
Bien sûr, le télétravail n’est pas une découverte pour le dirigeant d’entreprise. Mais avec cette crise, une nécessité s’impose à lui : faire le bilan de l’implémentation du télétravail au sein de son entreprise pour deux raisons majeures,
- Le télétravail, outre le fait d’avoir été un mode de fonctionnement d’urgence de l’entreprise a également été un révélateur de forces et de faiblesses de son entreprise quant à l’efficacité de son organisation et notamment sa capacité d’adaptation, l’autonomisation et l’implication de ses collaborateurs, la solidité de ses outils et process.
- Les collaborateurs qui ont été concernés par le télétravail, environ 5 millions de salariés, attendent un feedback de la direction concernant son implémentation. Ils attendent également de participer à une réflexion sur sa place future dans l’entreprise. En effet, les nouveaux télétravailleurs ont dû organiser différemment leur vie professionnelle et leur vie personnelle, les repères ont changé, les systèmes de valeurs ont pu changer.
Les collaborateurs et l’entreprise doivent réapprendre à vivre ensemble et sans doute établir un nouveau « contrat social » intégrant pour partie le télétravail et surtout son « dosage » dans l’organisation.
Alors que certaines organisations syndicales commencent à vouloir imposer un accord national sur le télétravail aux entreprises, nième usine à gaz et nouveau boulet à l’entreprenariat, l’entreprise doit se montrer pro-active et profiter de ce sujet télétravail pour remettre en cause et affûter son organisation de travail. Il en va de son intérêt et de celui de ses collaborateurs dans ce « monde d’après ».
Roger Reynaud
Directeur Général Opérationnel
